Le Parti Communiste Français s’interroge : Emmanuel Macron a-t-il réellement l’intention de changer la politique africaine de la France ?
COMMUNIQUE DE PRESSE
Emmanuel Macron veut-il réellement mettre un terme à la politique africaine de la France ?
Lors de son passage au Burkina Faso, le président Macron a tenu un discours qui ne change pas, invariablement quelle que soit la latitude. Il s’est fait VRP d’un modèle entrepreneurial, libéral, inégalitaire qui, depuis des décennies a démontré l’incapacité à répondre aux défis humains et environnementaux. Le continent africain en a fait la douloureuse expérience avec l’endettement, les politiques d’ajustement structurel, le démantèlement des services publics et le délitement des Etats au profit d’une économie de prédation utile aux transnationales. Considérer l’Afrique comme une start-up n’assure pas un avenir à une jeunesse en quête d’avenir, d’emplois, de progrès social et de paix.
Les annonces de quelques aides sonnantes et trébuchantes sont le corollaire de l’offensive d’une diplomatie économique assumée. Paradoxe d’un président qui assure qu’il n’y aurait plus « de politique africaine de la France »… Alors dans ce cas, des actes doivent suivre. Les occasions ne manquent pas. A commencer par la restitution des œuvres d’art à l’Afrique. Mais également à l’ouverture des archives comme l’exigent les parlementaires communistes. M. Macron promet que les « documents seront déclassifiés pour la justice burkinabè qui aura accès à tous les documents sur l’affaire Sankara ». Cela constitue une avancée à la condition que toutes les archives soient ouvertes, c’est-à-dire les documents classés « confidentiel défense », bien sûr, mais également les documents de haut degré de classification, ceux que l’Etat n’ouvre jamais, classés « très secret défense ».
Et, puisque M. Macron fait une halte à Abidjan, il aura l’occasion de parler des droits humains malmenés et de plaider pour la libération des très nombreux prisonniers politiques qui croupissent en prison en Côte d’Ivoire. Parmi ceux-là, il y a Assoa Adou, figure historique de la gauche ivoirienne, 72 ans, ancien syndicaliste et ancien ministre, et Samba David, dirigeant de la Coalition des indignés, embastillés en toute illégalité.
Enfin, Emmanuel Macron passe par le Ghana, frontalier du Togo. Ce dernier pays est une dictature installée et soutenue par l’État français depuis 50 ans. Le peuple togolais multiplie les manifestations depuis le mois d’août pour réclamer le départ de la dynastie des Gnassingbé. Des conseillers militaires, du financement et du matériel français sont utilisés par les forces armées togolaises tenues pour responsables d’exactions. La vente au Togo d’hélicoptères français de type Gazelle est envisagée par le premier ministre, pour un contrat de 20 M€. Sous la précédente mandature, Jean-Marc Ayrault avait suspendu cette vente, de peur que le matériel soit utilisé contre des civils. M. Macron va-t-il mettre en œuvre son propre discours ou faire la démonstration que la France garde une politique africaine, celle visant au soutien explicite d’un régime autoritaire et corrompu pour préserver des intérêts dans le cadre d’une diplomatie économique aveugle ?
Parti communiste français,
Paris, le 29 novembre 2017
La Diaspora africaine s’adresse au 5e Sommet Union Africaine-Union Européenne
ADRESSE DE LA DIASPORA AFRICAINE AU
5ème Sommet Union Africaine (UA) – Union Européenne (UE) à Abidjan (Côte d’Ivoire) des 29 et 30 novembre 2017
Relations France-Côte d’Ivoire, Lettre ouverte au Président de la République
LETTRE OUVERTE
Côte d’Ivoire : Rechercher et Dire la Vérité
à Monsieur Emmanuel Macron,
Président de la République française
Grenoble, le 24 novembre 2017
Objet : relations de la France avec la Côte d’Ivoire
Monsieur le Président de la République,
Le 5ème Sommet Union africaine – Union Européenne se tiendra les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan, sur le thème « Investir dans la jeunesse pour un avenir durable ».
À l’approche de cette date, je me permets de vous rappeler notre courrier du 7 juin dernier, qui a de plus fait l’objet de deux courriels à votre Conseiller en charge de l’Afrique.
Monsieur le Président, comment écrire une nouvelle page des relations de notre pays avec la Côte d’Ivoire sans prendre en compte les responsabilités de la France ?
En effet, la France est intervenue directement et indirectement à de multiples reprises ; notamment l’intervention militaire d’avril 2011 en soutien à Monsieur Alassane Ouattara, qui a laissé des traces durables au sein des populations.
Le passé nous oblige ; il vous oblige.
Pourquoi, à long terme, est-il de l’intérêt supérieur de la France de changer de politique africaine ?
Le passé dans les relations entre la France et les pays d’Afrique est lourd de la traite négrière et de l’esclavage, des guerres coloniales et de la colonisation, et enfin, des indépendances entrecoupées de multiples interventions militaires.
Néanmoins, la francophonie et la francophilie sont deux composantes majeures des relations entre de nombreux Africains et Français, qui y sont très attachés.
Mais force est de constater que, dans le contexte de la mondialisation, la jeune génération devenant démographiquement prépondérante n’acceptera plus ce que ses aînés ont supporté.
En effet, même atténué par l’aide au développement et les actions caritatives, le caractère inégal des relations économiques, aggravé par les changements climatiques, ne peut que conduire à l’exil et l’émigration, à la violence et la guerre…
Il est donc de l’intérêt supérieur de la France d’engager une transition vers un nouveau paradigme dans les relations entre la France et l’Europe avec l’Afrique.
Ce nouveau modèle doit être fondé sur le principe de partenariats « gagnant-gagnant » ou mieux, de « juste échange ».
Cette transition implique le long terme, mais il est urgent d’agir aussi à court terme.
Pourquoi, à très court terme, est-il de l’intérêt supérieur de la France d’agir pour la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés en Côte d’Ivoire ?
Les quelques libérations au compte-gouttes à l’approche d’évènements internationaux ne doivent pas faire illusion.
La société ivoirienne reste profondément divisée.
La réconciliation est – et restera – impossible tant que ne seront pas libres et rétablis dans leurs droits les prisonniers politiques et les exilés suite aux évènements de 2011 auxquels la France a participé activement.
La capacité de la Côte d’Ivoire à jouer un rôle stabilisateur au sein de la région en est affaiblie.
L’image de la France en Afrique est affaiblie.
Ces questions pourraient résonner dans les rues d’Abidjan, les 29 et 30 novembre.
C’est pourquoi, Monsieur le Président, sont attendus une parole forte et des actes de la part de la France, la France pays de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789, Paris ville de la signature de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Monsieur le Président, votre parole et vos actes doivent converger en faveur de la libération et l’acquittement de tous les prisonniers politiques, ainsi que du retour des exilés avec réintégration dans leurs droits.
Cette initiative de votre part est attendue, espérée et sollicitée, non seulement en Côte d’Ivoire, mais aussi en Afrique et à travers le monde, par des femmes et des hommes épris de Justice et de Paix.
Ce sera un acte fort et une étape indispensable vers le nécessaire changement dans les relations entre la France et l’Afrique.
Enfin, ce sommet est dédié à la jeunesse africaine.
Nos concitoyens épris de Liberté ne manqueront pas de se poser cette question majeure :
Quel « avenir durable » lorsque tant de jeunes Africains sont contraints à l’immigration au péril de leur vie ?
En effet, une bonne part des raisons et des solutions aux problèmes d’asile et d’immigration se trouve d’abord dans le pays de départ, où sévissent toutes les formes de persécutions, d’exploitation et de pillages des richesses, des hommes, des femmes, et trop souvent des enfants.
Puissiez-vous percevoir ces innombrables appels et signaux de détresse avant qu’il ne soit trop tard, pour la France aussi…
Une réelle transition dans les politiques africaines de la France et de l’Europe est possible.
Monsieur le Président, sachant pouvoir compter sur votre détermination, je vous prie, au nom de notre association, d’agréer l’expression de ma profonde déférence.
Pour CI-RDV, le Président,
André Prochasson
Côte d’Ivoire : Rechercher et Dire la Vérité,
(association 1901)
Contact : ci-rdv [at] orange.fr
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Libération de Justin Koua
Dans la soirée du samedi 4 novembre 2017, Justin KOUA, Secrétaire national à la Jeunesse du Front Populaire Ivoirien, a été libéré après 2 ans et 6 mois de prison. Après un séjour au camp pénal de Bouaké et à la prison de Dimbokro, il fut emprisonné à la MACA, Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan.
Justin Koua avait été arrêté en mai 2015 suite à sa participation au Congrès du FPI tenu à Mama le 30 avril 2015.
Son remplaçant dans les fonctions qu’il exerçait, Nestor DAHI, a été également emprisonné deux mois après.